6.4.3 Complications

Le taux de complication des ponctions centrales oscille entre 5% et 19% avec les méthodes traditionnelles. Le risque augmente de six fois après plus de trois essais [8]. En-dehors de l’échec et de l’hématome, qui sont les ennuis les plus fréquents, le taux de complication est de l’ordre de 3-5% pour les opérateurs expérimentés [7] : ponction artérielle (6-9% en jugulaire interne, 3-5% en sous-clavière), pneumothorax (1.5-5% en sous-clavière, 0.5% en jugulaire), hémothorax, lésions nerveuses [2,5,8]. Le taux de complication augmente avec le nombre d’essais de ponction [3]. Le risque de thrombose et d’infection est le plus élevé pour la voie fémorale (20-22%), moindre pour la voie jugulaire (8-20%) et le plus faible pour la voie sous-clavière (4-8%) [4,5,8]; leur taux par 1000 cathéters-jours est respectivement de 4.6, 3.6 et 1.5 [5].
 
En cas de ponction artérielle à l’aiguille, une compression simple suffit à faire l’hémostase. Il en est de même pour un cathéter jusqu’à une taille de 5F si la coagulation du patient est normale (anamnèse, TP, TPT, thrombocytes, thromboélastogramme), et le restera dans les 12 heures suivantes (pas d’anticoagulation). Si un cathéter de gros diamètre (introducteur de Swan-Ganz 8.0 – 9.5 F, cathéter de dialyse) a été introduit par erreur dans la carotide ou dans une autre artère, il est recommandé de le laisser en place et de contacter immédiatement un chirurgien vasculaire pour un retrait peropératoire sous contrôle de la vue et réparation éventuelle de l’artère, ou de faire appel à un cardiologue/radiologue interventionnel pour pratiquer une technique d’hémostase endovasculaire utilisée lors des cathétérismes cardiaques (AngioSeal™, par exemple) [1,2,6]. En cas lésion carotidienne, un status neurologique s’impose. La question se pose ensuite de procéder à l’intervention prévue ou de la renvoyer après contrôle définitif de l’hémostase et exclusion d’un AVC. Une hémorragie artérielle dans le cou dévie l’oesophage (visible sur la radiographie du thorax si une sonde gastrique est en place) et peut comprimer la trachée au point d’entraîner une dyspnée aiguë. Un hémothorax secondaire à une ponction artérielle sous-clavière peut entraîner une hypovolémie sévère parce qu’il n’y a aucun signe externe du saignement pour donner l’alerte assez tôt.  
 
Si le patient est éveillé et respire spontanément, les moments où l’aiguille de ponction et le cathéter sont ouverts à l’air sont une source potentielle d’embolie gazeuse au cours d’un inspirium profond. Il faut donc veiller à les occlure. La ventilation en pression positive et la position de Trendelenburg minimisent le risque d’embolie gazeuse. 
 
Le pneumothorax est plus fréquent lors de ponction sous-clavière, mais il peut survenir dans la voie jugulaire antérieure basse. En ventilation contrôlée, il est prudent d’arrêter le respirateur pendant la ponction. Le chylothorax est une complication grave de la ponction jugulaire gauche avec lésion du canal thoracique. Un épanchement péricardique peut survenir en cas de perforation de l’oreillette par le mandrin ou le cathéter. En allant trop profondément à la recherche de la veine jugulaire avec l’aiguille de ponction, on peut léser le plexus brachial, le nerf phrénique ou le ganglion stellaire. 
 
Plusieurs points sont à observer dans l’entretien des cathéters veineux centraux pour limiter le risque de contamination bactérienne et de thrombose [4,6].
 
  • Pansement transparent à la chlorhexidine, désinfection et contrôle quotidien ;
  • Ablation au moindre signe d’infection locale ;
  • Désinfection des sites d’injection avant toute administration ; maintien des robinets et des ports d’accès fermés par un bouchon en permanence ;
  • Lors de changement de cathéter à cause d’infection locale, préférer la ponction d’un autre site plutôt que le transcathétérisme sur un mandrin. 
 
Voie veineuse centrale : complications
Les principales complications (incidence 3-9%) sont l’hématome (ponction artérielle), le pneumothorax, l’hémothorax, les lésions nerveuses et l’embolie gazeuse. Une ponction trop profonde peut léser le plexus brachial, le nerf phrénique, le ganglion stellaire ou le canal thoracique (en position jugulaire gauche). En position jugulaire interne, le taux de complications diminue avec l’utilisation d’ultrasons. Les complications les plus fréquentes à long terme sont la thrombose et l'infection.


© CHASSOT PG  Août 2010, dernière mise à jour Août 2017
 
 
Références
 
  1. BODENHAM A, BABU S, BENNETT J, et al. Association of Anesthetists of Great Britain and Ireland. Safe vascular access 2016. Anaesthesia 2016; 71:573-85
  2. BOWDLE TA. Vascular Complications of central venous catheter placements: evidence-based methods for prevention and treatment. J Cardiothorac Vasc Anesth 2014; 28:358-68    
  3. McGEE DC, GOULD MK. Preventing complications of central venous catheterization. N Engl J Med 2003; 348:1123-33
  4. O'GRADY NP, ALEXANDER M, BURNS LA; et al. Guidelines for the prevention of intravascular catheter-related infections. Am J Infect Control 2011; 39:S1-S34 
  5. PARIENTI JJ, MONGARDON N, MEGARBANE B, et al. Intravascular complications of central venous catheterization by insertion site. N Engl J Med 2015; 373:1220-9
  6. SULEK CA, GRAVENSTEIN N, BLACKSHEAR RH, et al. Head rotation during internal jugular vein canulation and the risk of carotid artery puncture. Anesth Analg 1996; 82:125-8
  7. SCHUMMER  W, SCHUMMER C, ROSE N, et al. Mechanical complications and malpositions of central venous canulations by experienced operators. A prospective study of 1794 catheterizations in critically ill patients. Intensive Care Med 2007; 33:1055-9
  8. TROIANOS CA, HARTMAN GS, GLAS KE, et al. Guidelines for performing ultrasound-guided vascular cannulation: Recommendations of the American Society of Echocardiography and the Society of Cardiovascular Anesthesiologists. Anesth Analg 2012; 114:46-79