18.1.2 Généralités cliniques

Les maladies de l'aorte sont souvent silencieuses jusqu'à ce que se développe un épisode aigu caractérisé par des douleurs lancinantes dans le thorax, dans le dos ou dans l'abdomen, en général accompagnées d'un état de choc. Elles peuvent aussi se manifester par des embolies (ictus, claudication) ou par l'inconfort lié à la compression de structures avoisinantes: dysphagie (compression de l'oesophage), dyspnée (compression bronchique), toux ou voix bitonale (compression du nerf laryngé gauche), syndrome de Horner (compression du ganglion stellaire), oedème en pèlerine (compression de la veine cave supérieure) [4].
 
A part une masse pulsatile palpable en cas d'anévrysme abdominal, l'examen clinique est assez pauvre. Par contre, la comparaison de la pression artérielle aux quatre membres peut être très instructive lorsqu'il existe des différences entre la droite et la gauche ou entre les membres supérieurs et les membres inférieurs. 
 
Le CT-scan et l'angio-CT sont les examens de premier choix; la reconstruction 3D offre des images très démonstratives des lésions aortiques, sur lesquelles le diamètre du vaisseaux peut être mesuré avec précision à la condition qu'il n'y ait pas de thrombus; en effet, le scan différencie mal celui-ci de la paroi et sous-estime ainsi la dimension réelle du vaisseau [6]. Toute modification de > 5 mm sur des examens comparatifs est considérée comme témoin d'un élargissement significatif [4]. Les dispositifs à 64 barrettes permettent de réaliser simultanément une angiographie coronarienne, pour autant que la fréquence cardiaque soit < 110 batt/min et le rythme régulier. La sensibilité et la spécificité sont respectivement de 100% et de 98% [1].
 
L'IRM est moins pratique, car elle réclame une plus longue durée pour l'acquisition des images et elle est moins accessible pour un patient en réanimation. Elle ne visualise pas les calcifications et tout implant métallique est une contre-indication. Par contre, elle peut mettre en évidence les flux dans la ou les lumières aortiques (IRM de contraste au gadolinium) [7].
 
L'échocardiographie transthoracique (ETT) ne permet pas de visulasité la totalité de l'aorte, mais seulement la racine aortique (vue parasternale long-axe) et l'aorte ascendante avec la crosse et le départ des vaisseaux de la gerbe (vue sus-sternale) [3]. L'échocardiographie trasoesophagienne (ETO) offre une excellente visualisation de la racine de l'aorte, du premier tiers de l'aorte ascendante et de la totalité de l'aorte descendante, mais la partie distale de l'aorte ascendante et une grande partie de la crosse lui échappent à cause de l'interposition de la trachée et de la bronche-souche droite [5]. Les ultrasons abdominaux sont une technique simple et non-invasive de diagnostiquer et de mesurer les lésions de l'aorte abdominale. Comparés au CT, les ultrasons tendent à sous-estimer de 1-3 mm la dimension réelle des anévrysmes [2].
 
L'aortographie, qui est invasive et qui expose le patient à une forte irradiation, n'est plus utilisée que pour l'angiographie des coronaires et des vaisseaux de la gerbe (Tableau 18.1) [4].

 
D'une manière générale, trois options thérapeutiques différentes sont offertes aux malades souffrant de pathologie aortique [4].
 
  • Traitement médical: il s'agit de diminuer le stress de paroi, la force d'éjection du VG et la pression artérielle. La PAsyst visée est 120 mmHg. Médicaments utilisés: béta-bloqueurs, IEC, ARA, statines. Le traitement pharmacologique n'est pas curatif.
  • Traitement endovasculaire: les endoprothèses introduites par voie percutanée ne sont possibles que dans des conditions anatomiques bien définies (voir Endoprothèses). La mortalité périopératoire et le taux de paraplégie est sensiblement inférieur à ceux de la chirurgie à ciel ouvert, mais les résultats s'égalisent sur le long terme.
  • Traitement chirurgical: bien que très invasive, la chirurgie n'est limitée que par la capacité du patient à endurer le stress physiologique et le bouleversement hémodynamique que représente le clampage de l'aorte. 
 
Généralités cliniques
La pathologie aortique est paucisymptomatique avant l'événement aigu de la rupture ou de la dissection. Une différence de pression artérielle entre les membres est pathognomonique. Les examens préférentiels sont:
    - Echocardiographie transthoracique ou transoesophagienne
    - CT-scan et angio-CT (le plus performant)
    - IRM
    - (Aortographie)
    
Trois types de thérapeutiques sont possibles:
    - Traitement médical (non curatif)
    - Pose d'endoprothèse
    - Chirurgie à ciel ouvert
 
 
©  CHASSOT PG, TOZZI P, BETTEX D, Octobre 2010, Dernière mise à jour, Avril 2018
 

Références
 
  1. AGARWAL PP. CHUGHTAI A, MATZINGER FR, et al. Multidetector CT of thoracic aortic aneurysms. Radiographics 2009; 29:537-52
  2. ELEFTERIADES JA, FARKAS EA. Thoracic aortic aneurysm clinically pertinent controversies and uncertainties. J Am Coll Cardiol 2010; 55:841-57
  3. EVANGELISTA A, FLACHSKAMPF FA, ERBEL R, et al. Echocardiography in aortic diseaases: EAE recommendations for clinical practice. Eur J Echocardiogr 2010; 11:645-58
  4. ERBEL R, ABOYANS V, BOILEAU C, et al. 2014 ESC Guidelines on the diagnosis and treatment of aortic diseases. Eur Heart J 2014; 35:2873-926 
  5. HAHN RT, ABRAHAM T, ADAMS MS, et al. Guidelines for performing a comprehensive transesophageal echocardiographic examination: recommendations from the American Society of Echocardiography and the Society of Cardiovascular Anesthesiologists. J Am Soc Echocardiogr 2013; 26:921-64
  6. IHARA T, KAMARI K, YAMAMOTO K, et al. Three-dimensional workstation is useful for measuring the correct size of abdominal aortic aneurysm diameters. Ann Vasc Surg 2013; 27:154-61
  7. LITMANOVICH D, BANKLER AA, CANTIN L, et al. CT and MRI in diseases of the aorta. AJR Am Roentgenol 2009; 193:928-40