25.3.12 Rapport d'examen

Chacune des vues décrites est une tomographie et met en évidence certaines structures sous un certain angle. Cette constatation a trois conséquences :
 
  • Un examen doit toujours être complet, même lorsqu’il s’agit d’un simple monitorage. Seul cet examen complet permet de cadrer les pathologies dans le contexte global de l'anatomie fonctionnelle du coeur et de découvrir des lésions inattendues (3-7% des cas).
  • Toute structure et toute anomalie doivent être évaluées dans plusieurs plans (au minimum dans deux plans orthogonaux) en balayant (scanning) au mieux la totalité de l’objet ; il en est de même pour les flux.
  • Il est judicieux de commencer par une vue 4-cavités mi-oesophage, qui offre la meilleure vue d’ensemble des quatre chambres cardiaques et de leur remodelage en fonction de la pathologie.
Tout examen fait l'objet d'un enregistrement et d'un archivage. Les anciens systèmes de stockage sur bande vidéo étaient encombrants, et l'accès ultérieur aux images était compliqué et très lent. Les dispositifs digitaux actuels sont de bien meilleure qualité et beaucoup plus rapides, mais ils imposent d'enregistrer des boucles, dont la durée maximale ne dépasse pas 2 minutes. L'enregistrement complet d'un examen 2D et Doppler standard demande entre 50 et 500 MB. Selon sa longueur et selon les données enregistrées, une boucle 3D peut représenter jusqu'à 400 MB. Divers systèmes de compression permettent d'alléger le stockage, mais seuls les enregistrement des données brutes (raw data) autorisent des mesures complexes ultérieures.

Rapport d’examen

Tout examen echocardiographique fait l’objet d’un rapport écrit. L’écho peropératoire n’échappe pas à cette règle. Cette nécessité est justifiée par les informations importantes que fournit l’ETO pour le suivi du patient, notamment pour les intensivistes et les cardiologues qui seront en charge du malade. Le rapport poursuit plusieurs buts [1].
 
  • Information concernant les décisions prises en salle d’opération ou aux soins intensifs, particulièrement en cas de modifications de la stratégie chirurgicale prévue ou de nouvelle indication opératoire ; information concernant la fonction cardiaque, particulièrement si elle s’est avérée différente des examens précédents ou si elle s’est modifiée en cours d’opération.
  • Possibilité de comparaison avec les études subséquentes.
  • Aide à l’enseignement : clarification des données lors de leur mise par écrit, sélection des priorités, synthèse des différents éléments, documents en vue d’une accréditation.
  • Possibilité d’un contrôle d’activité au sein du service; évaluation de l’impact médical et chirurgical des examens accomplis.
  • Recherche épidémiologique (base de données).
  • Archivage de l'examen et des évènements peropératoires (éventuelle portée médico-légale).
Bien qu’il existe presqu’autant de types de rapport que d’institutions qui pratiquent l’ETO, on peut dégager certaines règles générales [2]. Le rapport d’ETO periopératoire doit contenir un faisceau d’informations (Tableau 25.2).
 
  • Données administratives : coordonnées du patient et de l’examinateur, lieu, appareil utilisé.
  • Poids, taille et/ou surface corporelle du patient.
  • Indication(s) de l’examen.
  • Conditions hémodynamiques (pression artérielle, rythme cardiaque) et leurs modifications au cours de l’intervention.
  • Examen de base avant intervention (pré-CEC) ; examen complet, description détaillée des découvertes fortuites ou des désaccords avec les examens précédents ; mention des décisions prises en fonction de l’ETO et des éventuelles modifications de la stratégie chirurgicale ou médicale/anesthésique.
  • Description des images bidimensionnelles (éventuellement 3D) des 4 cavités, des valves, de l’aorte thoracique, des veines caves et du péricarde; mesures dimensionnelles et fonctionnelles (FE), mesures des flux et du Doppler tissulaire.
  • Description des lésions pathologiques du cas particulier.
  • Examen après correction chirurgicale (post-CEC) ; évolution de la fonction ventriculaire et de la volémie, fonctionnement de prothèse, résultat de plastie, cinétique segmentaire, éventuelle lésion résiduelle.
  • En fin d’opération, examen rapide de toutes les structures avant le retrait de la sonde ; incidence significative de découvertes inattendues (tamponnade, pneumothorax, thrombus, dissection, etc).
  • Conclusions compréhensibles pour un soignant non-spécialiste en échocardiographie.
Outre l'enregistrement détaillé de la pathologie qui justifie l'examen ou l'intervention, l'archivage doit comprendre au minimum une vue 4-cavités de qualité, deux vues (mi-œsophage et transgastrique) du VG et du VD, deux vues de la valve aortique (court-axe et long-axe), deux vues de la valve mitrale (bi-commissurale et long-axe 140°), une vue de la valve tricuspide, et une vue de l'aorte descendante, ainsi que le flux couleur de possibles régurgitations valvulaires. S'y ajoute évidemment les images d'éventuelles découvertes fortuites.


 
Rapport d'examen ETO
Tout examen donne lieu à un rapport circonstancié; il s'accompagne d'un enregistrement géobal des principales vues et d'un enregistrement détaillé de la pathologie qui justifie l'examen ou l'opération.


© CHASSOT PG, BETTEX D. Avril 2019; dernière mise à jour, Avril 2020


Références
 
  1. EVANGELISTA A, FKACHSKAMPF F, LANCELLOTTI P, et al. European Association of Echocardiography recommendations for standardization of performance, digital storage and reporting of echocardiographic studies. Eur J Echocardiogr 2008; 9:438-48
  2. FENECK R, KNEESHAW J, FOX K, BETTEX D, et al. Recommendations for reporting perioperative transoesophageal echo studies. Eur J Echocardiogr 2010; 11:387-93